Plantes sauvages
Les « divje zeje », comme on l’appelle à Hvar, son nom plus répandue étant « mišanca », sont en effet des adventices. Il s’agit de nombreuses herbes qui poussent dans les champs, à côté des chemins, dans les prés. Elles sont les meilleures dans la période où l’automne devient hiver, allant jusqu’au début du printemps. De nombreuses plantes sauvages comestibles sont un peu amers, d’où provient leur nom « gorko zeje » (plantes amères). Au moment où elles commencent à fleurir, elles ne sont plus bonnes pour la consommation. On les fait cuir à l’eau et assaisonne avec de l’huile d’olive, pour être mangées comme une salade.
La plupart de ces plantes appartient au genre de Asteraceae, telles que le pissenlit, la chicorée, le salsifis des prés, le laiteron maraîcher, le prénanthe, la roquette sauvage etc. Les plantes douces sont le coquelicot, le fenouil, l’oignon sauvage, la carotte sauvage, pourpier potager…
Autrefois connaître les plantes sauvages était indispensable pour la survie. Le goût fin, amer, un peu donnant à la terre, va parfaitement avec du poisson, accompagné d’huile d’olives. On peut les préparer avec des pommes de terre ou avec des œufs durs.
Les asperges – on peut les trouver à la lisière de bois et parmi les arbustes au début du printemps quand apparaissent les pousses de l’asperge sauvage. Une fois venue la période de la récolte des asperges, les bons connaisseurs des habitats ne le divulguent pas aux autres mais ils les gardent en secret avec jalousie.
Elles sont comestibles crues dans des salades et peuvent être préparés de façons diverses. La recette la plus simple est les asperges blanchies consommées comme une salade, avec des œufs durs ou l’omelette. On en prépare des sauces pour les pâtes, on y ajoute du lard, elles sont ajoutées aux frisottis, elles vont bien avec de la viande…
On connaît de longue date que l’asperge améliore le fonctionnement des reins, favorise les sécrétions urinaires et plus généralement aide à la purification de l’organisme. Elle est riche en vitamines, en minéraux et en fibres. Les asperges préfèrent la combinaison de l’ombre et du soleil, mais aussi l’humidité des sentiers forestiers, des murs anciens. Les asperges qui poussent dans l’île de Hvar sont bien plus minces que les asperges cultivées et elles sont de couleur vert foncé. Vu que les tiges poussent du tubercule, elles sont facilement renouvelles après l’invasion des cueilleurs ou après une incendie. On ne cueillit que les jeunes pousses qui naissent le printemps des parties souterraines, dès l’arrivée du temps plus chaud, surtout après la pluie.
Tous les peuples anciens mentionnent l’asperge, en lui attribuant des caractéristiques aphrodisiaques.
La Criste marine ou Perce-pierre – les rainures des roches sont habitées par la Criste marine ou Perce-pierre, résistante à la saleté et à la sécheresse. Avant qu’elle fleurisse, en mai et en juin on cueillit des branches et des feuilles jeunes, qui sont ensuite préparée au vinaigre blanc pour être consommées avec des plats de poisson et de viande.
Comme une fleur dans la pierre elle est mentionnée dans la mythologie grecque, dans le mythe de Poséidon et la nymphe Dahomar, la bien-aimée de Zeus, et de leur amour interdit à la côte de la mer Adriatique. La légende veut que les amants fussent allongés sur la Criste marine qui poussait des roches de la semence de Poséidon.
Le câprier – fleur du jardin de paradis et encore une plante sauvage qui poussent dans la pierre. Souvent l’on peut voir dans les murs anciens, dans les tumulus et dans les pierres des arbustes verts qui naissent de la pierre nue, et entre les feuilles pousse la belle fleur blanche avec des étamines violettes, fleur comme du jardin du paradis. Le câprier n’aime pas le vent et il fleurit de l’avril au septembre.
On cueillit les bourgeons, riches en vitamine C. Les bourgeons sont confits dans le vinaigre et cette transformation leur donne leur arôme et goût caractéristiques. On les ajoute aux différents plats pour les agrémenter d’une saveur piquante particulière. Le plus souvent les bourgeons sont utilisés pour garnir les entrées, telles que le fromage, le jambon cru, les saucissons et les salamis. Ils sont excellents avec les filets du poisson salé et les olives noires, assaisonnes d’huile d’olive. On les met dans les sauces, les plats de viande et de poisson, au riz, aux pizzas, et ils vont bien avec le moutard et le raifort.
Le câprier est mentionné par le poète croate de Renaissance, Petar Hektorović, dans son œuvre « Ribanje i ribarsko prigovaranje » (« Cnoversations entre les pêcheurs »), ce qui témoigne de sa longue présence dans l’île de Hvar.